Meilleur système pour les athlètes

               Les joueurs professionnels, salariés des ligues, peuvent évoluer dans deux types d’environnement : la ligue fermée ou la ligue ouverte. Dans le cadre d'une gestion de carrière, qui on l'a vu, se résume à quelques années (entre 3 et 5 ans en moyenne, selon les sports, les joueurs stars pouvant exceptionnellement dépasser les 10 ans), les objectifs financiers et sportifs à prendre en compte pour réussir sa carrière diffèrent selon le modèle de la ligue. Effectivement, le joueur cherche les défis sportifs les plus importants et les plus motivants pour sa carrière et sa réalisation personnelle. Ensuite, viennent les conditions contractuelles, que l'on peut diviser en deux parties : la sécurité financière et le pouvoir de négociation du joueur.

· Finance et Sécurité
Il y a deux composantes du circuit fermé qui assurent au joueur un revenu minimum substantiel : la convention collective garantit un salaire minimum et l’obligation d'une masse salariale plancher permet de garantir un niveau de masse salariale minimum sur un ensemble de joueurs. La plupart des joueurs n'étant pas des vedettes, le système fermé garantit des salaires minimums, dès leur arrivée dans la ligue, contrairement au système ouvert qui peut offrir des salaires très faibles pour les joueurs débutants.
Cependant, la fiabilité des contrats est parfois mise en péril. En Écosse, par exemple, la mauvaise santé financière des clubs les ont poussés à mettre fin à des contrats. Motherwell, un club de première division écossaise,  a dû se séparer de 19 joueurs, et il a été conseillé à d’autres clubs d'en faire autant[1]. Pire, le club d’Airdrie FC a été liquidé, rétrogradé en division amateur, et tous ses contrats professionnels ont été annulés. On pourrait se dire que ces problèmes de gestion ne peuvent arriver qu'aux clubs peu prestigieux. Hors de question de voir ça chez un club professionnel multiple champion national, dont 5 fois les 10 dernières années, propriétaire d’un stade de 50 000 personnes, rempli à 95 % en moyenne ? Et bien pourtant, les Glasgow Rangers viennent de le vivre. À la fin de la saison 2011-2012, le club historique écossais, triple champion en titre, a été liquidé et rétrogradé en 4ème division écossaise, composée de joueurs sans contrat professionnels.
La sécurité financière, composante importante pour un joueur professionnel, est plus importante dans un système fermé, à condition que la ligue soit en assez bonne condition financière. Une ligue professionnelle a-t-elle déjà fait faillite ? En fait, oui, lorsque plusieurs ligues se font concurrence pour un même sport. Par exemple, la AAFC voulait concurrencer la NFL, ou plus récemment, la ABL (basketball féminin) qui a fait faillite en 2 ans, à cause de la concurrence due à la création d’une ligue féminine par la NBA (WNBA). La sécurité financière ne semble fonctionner que lorsque la ligue est en situation de monopole sur son espace géographique.

· Pouvoir du joueur et contrats
Autre point important pour le joueur : le choix de son employeur. Dans les ligues fermées, le joueur entre dans la ligue par le système de repêchage. Le club obtient les droits du joueur (c'est à dire que si ce joueur veut intégrer la ligue, il passera par le club qui détient ses droits). Par la suite, une fois la carrière du joueur avancée, seul le club est décideur des échanges de joueur (sauf clause de non-échange, plutôt rare, et accordée aux joueurs importants). À la fin du contrat, le joueur est encore attaché à son club par le système de contrat limité (restricted contract). On comprend que dans l'ensemble, la franchise exerce un pouvoir important sur la carrière du joueur.
Dans les ligues ouvertes, les conditions sont clairement différentes : pas de système de repêchage. Par exemple, Lionel Messi a été pris en charge par le centre de développement du FC Barcelona dès ses 13 ans, car la plupart des jeunes joueurs sont recrutés dans les centres de formation sans classement, ni ordre de choix. En absence de convention collective, seule la loi s'applique pour la rupture des contrats. C'est-à-dire que si les deux parties sont d'accord, le contrat peut être rompu, et le joueur peut ainsi être transféré (moyennant une indemnité). Les pouvoirs ne reviennent donc pas exclusivement au gérant, comme dans la plupart des transactions dans les ligues fermées. Quelle est la conséquence pour le joueur ? Les pouvoirs étant davantage équilibrés, un joueur peut plus facilement profiter des opportunités pour changer de clubs ou renégocier son salaire.

Même si des différences sont bien présentes, un de ces systèmes est-il plus avantageux pour les joueurs ? Dépendamment de la réputation sportive et du niveau sportif de la ligue, les joueurs choisissent les championnats de meilleur niveau (Amérique du Nord pour le hockey sur glace ou le basketball, Europe pour le soccer) ou qui leur assurent de jouer. Donc, seul le salaire pousse le joueur à choisir sa destination. Le développement d'une ligue passera donc par des investissements conséquents dans les salaires des joueurs, pour devenir une ligue de niveau international. Les actuelles négociations dans la NHL, qui visent à diminuer le plafond salarial, risquent-elles de faire perdre à la ligue ses meilleurs joueurs? Les ligues européennes ne sont pas assez puissantes financièrement pour concurrencer les salaires américains, pour l'instant en tout cas. La KHL ne compte-t-elle pas parmi ses rangs quelques joueurs talentueux qui ont des meilleurs salaires que lorsqu'ils jouaient en NHL ? Par exemple, le joueur de talent A. Radulov a préféré quitter Nashville, après avoir fait son hockey universitaire à Québec, pour jouer en Russie. Au final, pour le joueur, peu importe le système de ligue, ce qui compte c'est le salaire et le défi sportif.



[1] Nicholson, M. (2002, May 02). Scottish soccer club goes into liquidation FOOTBALL AIRDRIEONIANS SET TO VANISH FROM LEAGUE AS SEARCH FOR BUYER FAILS: Financial Times. Retrieved from http://search.proquest.com/docview/248195411?accountid=11357

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