L'approche américaine, à suivre ou à éviter?


Au-delà de la valorisation des victoires sportives, le système nord-américain des ligues fermées de clubs de sports professionnels priorise visiblement l’investissement de capital, et la maximisation de profits des clubs sportifs.[1] En effet, après s’être rendu compte de l’inefficacité du système de marché vis-à-vis d’un développement fructueux des compétitions sportives, les Nord-Américains ont tout de suite orienté l’objectif prioritaire de leurs ligues, non pas vers l’aspect sportif, mais plutôt vers l’aspect financier de cette industrie. Dès lors, le concept Sport-Spectacle dont le but primaire est de générer le plus de profits pour faire plaisir aux actionnaires, athlètes, et amateurs a tout de suite été instauré, et ce, afin d’assurer une rotation profitable d’un cercle vertueux économique.

Pour ce faire, alors que le système de marché ouvert institué en Europe laisse place à une grande rivalité des clubs, où la lutte contre la concurrence féroce des équipes finit par avantager les clubs les plus riches au détriment des clubs les plus pauvres, le climat concurrentiel des ligues fermées est régi par un régulateur de la ligue, qui est responsable d’accepter ou de refuser la création de nouvelles franchises/clubs, dépendamment de l’étude de marché de la région étant prête à accueillir cette nouvelle équipe, ainsi que de la sécurité des performances des franchises existantes.[2] Ainsi, ce système priorise la maximisation du gain collectif des franchises et non celle des victoires sur le terrain, ce qui permet un rendement financier global de la ligue supérieur à celui enregistré par les ligues ouvertes. Les gains totaux générés étant par la suite répartis entre les franchises de la ligue, ceci permet alors aux clubs une meilleure gestion de leurs actifs, et donc plus de disponibilité des fonds destinés à l’investissement en infrastructures, équipements, et personnel. Par ailleurs, l’instauration d’une masse salariale plafonnée et d’une taxe sur le luxe améliore la compétitivité dans ces ligues.[3] En plus de faciliter la gestion stratégique des coûts reliée aux salaires des joueurs, les potentiels des moyens des franchises sont égalisés, de sorte que les grands clubs ne centralisent pas la détention des meilleurs joueurs par des offres de salaires dominantes.[4] De même, le niveau de performance des clubs augmente, ce qui résulte en des disputes sportives de haut niveau. Les plafonds salariaux ont également un effet bénéfique sur le bien-être social, car ils réduisent les dépenses des grandes équipes, tout en  améliorant la répartition des salaires entre les joueurs.[5] Les taxes sur le luxe ont  aussi un effet positif au niveau social, car la qualité des ligues est améliorée grâce cette dernière et sa redistribution par la ligue.[6] Ceci augmente alors la rentabilité des clubs. Ceci étant dit, il importe de mentionner que la mise en place de moyens de contrôle de gestion est importante pour assurer l’application de ces mesures. En ce qui a trait au principe du système de repêchage, celui-ci joue le même rôle. En permettant aux mauvaises équipes le premier choix du meilleur jeune joueur, la ligue intensifie la compétitivité sportive des clubs, en permettant alors aux moins bonnes franchises d’investir dans le développement des jeunes joueurs, pour des performances futures prometteuses. Cette pratique accentue ainsi le concept de Sport-Spectacle, vu que ces jeunes joueurs sont souvent auteurs de performances extraordinaires, comme  Sidney Crosby en LNH avec les Penguins de Pittsburgh ou Lebron James en NBA avec les Heats de Miami.

Ceci étant dit, il en demeure que l’aspect mélioratif de la logique des ligues fermées se base évidemment sur le concept Sport-Spectacle et marketing des rencontres sportives. Effectivement, en plus d’offrir aux amateurs des rencontres sportives de haut niveau, les franchises offrent des spectacles sportifs dignes des plateaux hollywoodiens, où se mêlent performance, compétition, et victoire. Supporté par le marketing, et donc par la vente de différents produits dérivés, c’est ce spectacle sportif qui permet aux franchises d’amasser le plus de profits. Les ligues sont propriétaires des droits de retransmission des rencontres, et donc se chargent des négociations du prix de vente des matchs, et la répartition des gains se fait par la suite entre toutes les franchises de la ligue. Là est déclenchée la fameuse machine de rotation du cercle vertueux économique profitable. La régulation de la concurrence crée un climat favorable à la compétition sportive des équipes, ce qui engendre la formation de joueurs de haut niveau qui donnent des prestations remarquables. Ceci suscite l’intérêt des amateurs, qui augmente alors les profits sur les droits de transmission et des produits dérivés des équipes. Le profit collectif financier des franchises est ainsi augmenté, ce qui élève alors le partage des gains. Cela assure donc une disponibilité des fonds de roulement pouvant être destinés aux augmentations salariales des joueurs qui améliorent la performance globale de la franchise, vu qu’il y a une corrélation positive entre salaire et performance des joueurs. Alors que la répartition des salaires entre les joueurs n’a pas d’importance sur la performance d’une équipe (sauf pour les joueurs de baseball), la moyenne des salaires est liée à la performance de l’équipe.[7] Effectivement, les équipes dont la moyenne salariale est élevée ont plus de chances de gagner, si les joueurs les mieux payés participent au match. En fait, les équipes payent des frais de transfert élevés pour embaucher des stars, afin d’attirer plus de fans et de public, et ce, pour maximiser leurs revenus.[8]

Pendant que cette organisation attire l’attention de plusieurs acteurs du monde sportif, des critiques stipulent que les planchers salariaux réduisent les bénéfices des clubs de toute taille, et condamnent cette logique des ligues fermées comme étant une pratique insolente et productiviste du sportif et du sport au détriment du marketing et des produits dérivés.[9] Ceci étant dit, il en demeure que ce modèle a fait ses preuves à plusieurs reprises, quant à la validation de sa philosophie. Du coup l’on se demande, 30 ans après son apparition en Amérique du Nord, s'il ne serait pas temps de se convertir à ce système?


[1] ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS. Sport (Histoire et société) Économie. La théorie économique des sports professionnels. Consulté le 13 octobre 2012 sur: http://www.universalis.fr/encyclopedie/sport-histoire-et-societe-economie/4-la-theorie-economique-des-sports-professionnels/
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] VIHCH. Les lignes fermées: une évolution économique et logique (7 mars 2011). Consulté le 13 octobre 2012 sur: http://vich3sportcorner.over-blog.com/article-les-ligues-fermees-une-evolution-economique-et-logique-68777725.html
[5] Dietl, Helmut M., Duschl, Tobias, Lang, Markus, Executive Pay Regulation: What Regulators, Shareholders, and Managers Can Learn from Major Sports Leagues, Business and Politics, Vol. 13, nº 2, 2011
[6] Ibid.
[7] Katayamaa, Hajime, Nuchb, Hudan, A game-level analysis of salary dispersion and team performance in the national basketball association, Applied Economics, volume 43, p, 1193–1207, 2011
[8] Ibid.
[9] VIHCH. Les lignes fermées: une évolution économique et logique (7 mars 2011). Consulté le 13 octobre 2012 sur: http://vich3sportcorner.over-blog.com/article-les-ligues-fermees-une-evolution-economique-et-logique-68777725.html

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